Votre précédent livre traduit en français, Jamais je ne t’oublierai, était un récit qui racontait le suicide de votre père. Pourquoi être revenue sur ce thème, mais dans un roman cette fois ?
J’ai écrit le précédent livre parce que, après le suicide de mon père, ma famille et moi avions tant de questions : comment cela a-t-il pu arriver ? Pourquoi ? J’ai écrit ce livre avec la voix de mon père, ce qui m’a permis, d’une certaine manière, de me glisser dans sa tête et de répondre à certaines de ces questions. Cette fois-ci, ce qui m’intéressait, c’est comment on survit au suicide d’un proche et comment il nous est possible – aux amis, à la famille – de traverser cette expérience redoutable, comment nous vivons notre deuil, ce que cela nous fait. J’ai pensé que la fiction, même si elle est très proche de la réalité, car le roman s’inspire du suicide de ma sœur survenu quelques années plus tard, était le meilleur moyen d’y arriver.
Vous abordez dans ce roman la question de l’aide à mourir. Quel impact croyez-vous qu’une œuvre littéraire peut – ou devrait – avoir sur le débat public entourant une telle question ?
Je crois que mon livre n’est qu’une toute petite voix dans un dialogue beaucoup plus vaste. Cela me réjouit de penser que je peux contribuer à enrichir le débat. La récente décision de la Cour suprême sur le suicide assisté m’a profondément réjouie. La douleur psychologique est aussi réelle que la douleur physique, et il est rassurant de savoir que les Canadiens comprennent cela. Il faut améliorer les soins offerts aux personnes souffrant de maladies mentales, et il faut protéger le droit des individus à décider qu’ils ont assez souffert. Mon livre ne fait que raconter une histoire tirée de mon expérience personnelle. Ma sœur a toujours très clairement exprimé son désir de mourir, et elle a souffert tout au long de sa vie.
S’il y avait eu pour elle une possibilité autre que celle de mourir dans la solitude et dans la violence, nous aurions pu l’accompagner pendant les dernières heures de sa vie, la tenir dans nos bras, l’entourer de notre amour. Cela aurait été une mort paisible, une mort digne. Et c’est cette mort qu’elle aurait choisie.
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