Le 26 février dernier, le conseil d’administration du Salon du livre de Trois-Rivières a remis le Prix Adagio à François Ricard. Prix de carrière, le Prix Adagio est une récompense biennale soulignant le travail d’un auteur de la Mauricie ou du Centre-du-Québec ayant marqué la scène littéraire d’ici et d’ailleurs.
Voici le texte de l’hommage qui lui a rendu Monsieur Jean Panneton :
« Il y a des auteurs qui écrivent un livre qui fonde leur réputation d’auteurs. D’autres comme François Ricard ne laissent pas sécher l’encre au fond de l’encrier. En près d’un demi-siècle, il publia une vingtaine d’ouvrages qui lui méritèrent plus de quinze prix prestigieux. Entres autres, le Prix du Gouverneur général, le Prix Jean-Éthier Blais, la Grande médaille de la francophonie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, le Prix André-Laurendeau et le Prix David en 2018.
Au soir de la vie, François Ricard est né en 1947, il lui manquait le prix Adagio décerné tous les deux ans par le Salon du livre de Trois-Rivières et qui reconnaît la valeur de nos écrivains.
François Ricard n’a écrit, du moins n’a publié, ni roman, ni poésie. Il aurait pu avec son talent littéraire multiforme. Il a choisi la critique et l’essai, genres qui correspondent à son esprit pénétrant et à sa clairvoyance servis par un style clair et élégant. Ses idées sur la culture et la littérature d’ici et d’ailleurs font réfléchir. La génération lyrique (1992) demeure un essai incontournable sur la vie et l’œuvre des premiers-nés du baby-boom au Québec. Un classique du genre.
Assez souvent, les auteurs manifestent un amour propre chatouilleux. Pour eux, les autres auteurs sont des concurrents. L’attitude de François Ricard, vis-vis les confrères en écriture, est à l’opposé de cette autosuffisance. Ainsi, comme membre de l’équipe des Éditions du Boréal, il conseille et pousse les écrivains. Surtout, qui approche l’œuvre de Gabrielle Roy est sûr de rencontrer François Ricard. En effet, depuis 1970, celui-ci est identifié à l’œuvre de Gabrielle Roy. En 1972, il publie une biographie de la romancière, qu’il complètera, en 1996, par Gabrielle Roy. Une autre vie. Les circonstances ont fait que la romancière a donné sa confiance totale à François Ricard. Celui-ci devint le spécialiste de son œuvre. Il en fit la promotion, veilla aux éditions, favorisa et dirigea des recherches universitaires. En 2009, François fut la cheville ouvrière d’une petite équipe qui entreprit la publication de l’œuvre complète de Gabrielle Roy, en 12 volumes. Encore aujourd’hui, héritier littéraire, il est responsable du destin de l’œuvre de Gabrielle Roy.
N’oublions pas une autre amitié littéraire : Milan Kundera, auteur de L’insoutenable légèreté de l’être. François tomba en amitié avec cet écrivain tchèque, nationalisé français par Mitterand. Il lui consacra un essai en 2003, Le dernier après-midi d’Agnès. Quand Kundera fut publié dans la Bibliothèque de la Pléiade, c’est François Ricard qui en écrivit la préface et contrôla l’édition. C’est tout dire !
Est-il possible de ne pas mentionner l’enseignement du professeur François Ricard à l’université McGill, de 1971 à 2010 soit pendant 41 ans ! Un beau cas de survivance française ! »
Jean Panneton
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