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Romans et récits

8 septembre 2010

Trois questions à Ying Chen

Par Éditions du Boréal
Ying Chen

Ying Chen

Ying Chen est née à Shanghai (Chine) en 1961. Diplômée en langue et littérature françaises de l’Université de Shanghai, elle s’est installée à Montréal en 1989, où elle a obtenu une maîtrise en création littéraire de l’Université McGill. Son roman L’Ingratitude, en lice pour le Femina 1995, a obtenu cette même année le Prix Québec-Paris, et en 1996 le Grand Prix des lectrices de Elle Québec. Son nouveau roman, Espèces, vient de paraître — nous l’avons questionnée à ce sujet…

Votre roman s’articule autour d’une prémisse pour le moins originale… Comment la décrivez-vous?

L’histoire de la métamorphose n’est pas originale. Il semble que tout est fait et tout est dit dans la littérature. Il reste à voir comment faire et comment dire. Le personnage de mon roman, pour devenir un chat, n’a qu’à suivre une logique, ou un illogique, qui lui est propre, que les lecteurs de mes autres romans pourraient facilement reconnaître. C’est un être qui vit, plus ou moins, avant la naissance ou après la mort, toujours au bord de l’existence, à l’écart de l’humanité. Ce que je cherche est un angle qui me permet d’exprimer mes propres visions, le plus souvent contradictoires, de la vie humaine, dans l’ombre de tout ce qu’un cerveau humain fabrique, sous la lumière d’une présence plus ample que celle des humains, une présence qui dépasse temps, mémoire, espoir, etc.

Ce qui arrive à votre protagoniste est sans doute le rêve de bien des gens. Sans dévoiler l’issue de votre histoire, pouvez-vous nous dire si la «réalité» (du moins celle décrite dans votre roman!) est à la hauteur du fantasme qu’une telle vie peut représenter à nos yeux?

Ce qui arrive est absolument dérisoire. Le désir de devenir un chat est un acte d’autodérision, de désespoir, et extrêmement ironique. C’est pire qu’un suicide. Il s’agit d’une prise de conscience des instincts non dits des deux sexes, réprimés, camouflés, inchangeables, détournés et dénaturés. Devenir un chat serait une solution impossible de trouver une sorte d’équilibre et une semblable de solidarité non seulement entre homme et femme, mais dans tous les rapports humains.

Quels aspects aviez-vous envie d’examiner, à travers ce roman?

Il n’est jamais assez pour moi de mentionner que le thème est toujours secondaire dans mes livres. Il m’est très difficile de parler de mes livres sans que j’aie l’impression de les appauvrir. Comme les autres, c’est un roman de texte, et non pas de thème. L’aspect le plus important de mon travail est peut-être d’essayer de garder une cohérence entre le texte et le sous-texte, une balance entre lisibilité et l’écoulement spontané des mots qui obéit rarement au schéma romanesque ou aux idées idéologiques.

Si je dois caractérise mon travail, je dirais que ce serait cette tolérance, cette liberté et cette place accordée aux mots, croyant sincèrement que «mes mots» doivent aller plus loin que moi. Ce qui me donne le plus de plaisir dans l’écriture, c’est d’être surprise par mes phrases et leur enchaînement, d’avoir l’impression que le livre se compose et s’écrive lui-même, parfois à côté de l’ambition initiale. Et je trouve que si j’ai un peu de réussite, c’est dans ce type de «fuite» inattendue. Un peu comme mon personnage vit à côté de l’existence, j’écris à côté de l’écriture.

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