Actualités, évènements et entrevues

Essais et documents

17 octobre 2012

Entrevue avec Doug Saunders à propos de son livre «Du village à la ville»

Par Éditions du Boréal

SaundersDoug_wDu village à la villeDoug Saunders est correspondant en Europe pour le Globe and Mail, où il tient une chronique hebdomadaire qu’il consacre aux idées et aux phénomènes qui modèlent l’actualité. Il publie Du village à la ville, un livre majeur sur l’immigration, un phénomène qui se déroule aux marges des grandes zones urbaines et qui est en train de donner un nouveau visage à la planète. L’auteur a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions.

ggg

ggg

ggg

Votre livre propose en quelque sorte une réhabilitation des bidonvilles, pourquoi ?

Nous vivons, de toute l’histoire de l’humanité, la plus importante vague de migration des villages vers les villes. Cette migration se fait souvent vers des bidonvilles, qui gardent des liens très étroits avec les villages d’origine de leurs habitants. Ces lieux d’arrivée – que j’appelle villes tremplins – jouent un rôle déterminant dans l’avenir des pays d’accueil. J’en ai visité une vingtaine sur les cinq continents et j’ai constaté que ces lieux peuvent soit donner naissance à une nouvelle classe moyenne, soit se transformer en ghettos où règnent la pauvreté, le crime, la violence.

Cette réalité est-elle la même dans les pays émergents ?

Dans les pays en voie de développement comme la Chine ou le Brésil, les zones d’arrivée ont tendance à attirer les ruraux qui vivaient à l’intérieur de leurs frontières, alors que les pays plus riches attirent des migrants de l’étranger (comme c’est le cas des Turcs et des Polonais à Berlin, ou des Salvadoriens, des Guatémaltèques, des Honduriens et des Mexicains à Los Angeles). Mais, en réalité, les différences ne sont pas aussi importantes qu’on pourrait le croire. Dans les deux cas, on retrouve des rues entières peuplées de gens venus du même village, et ces quartiers fonctionnent tous de la même manière pour envoyer de l’argent aux familles restées dans le village d’origine. Et on retrouve le même racisme et la même colère de la part des citadins : les riches citoyens de Rio perçoivent les pauvres des favelas originaires de l’Amazonie comme des étrangers qui parlent une autre langue, tout comme certains Berlinois face aux Turcs, ou comme les habitants de Los Angeles à l’égard des Latinos de South-Central.

Un phénomène comparable à la révolution industrielle ?

Absolument. Aujourd’hui, les trois quarts de l’humanité, qui vivent hors des pays développés, connaissent la même transformation – urbanisation accélérée et modernisation de l’agriculture – que celle qui s’est produite en Europe entre 1789 et la Première Guerre mondiale.  L’urbanisation a donné lieu à la révolution industrielle, aux révolutions démocratiques en Europe et à la fin de la pauvreté massive et de la famine qui sévissaient en Occident. Les mêmes changements s’opèrent aujourd’hui en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud à une échelle beaucoup plus spectaculaire. C’est ce que relate mon livre.

Du village à la ville en librairie.

Aucun commentaire

Il n’y a pas encore de commentaires sur ce billet.

Laisser un commentaire


Les Éditions du Boréal
3970, rue Saint-Ambroise, Montréal (Québec), Canada H4C 2C7
Tél: (514) 287-7401 Téléc: (514) 287-7664

Les photos des auteurs ne peuvent être reproduites sans l'autorisation des Éditions du Boréal.

Conseil des Arts du Canada Patrimoine canadien SODEC Québec