Explication de la nuit, c’est…
C’est un livre bilan. Le personnage principal, Ito Baraka, à l’automne de sa vie, cherche, dans un ultime roman, à faire le point sur le passé tumultueux de révolté qui a été le sien au pays de l’enfance, longtemps avant qu’il ne se réfugie au Canada. Mais il ne s’agit pas, dans ce bilan, de faire la somme des victoires et des échecs, des courages et des lâchetés. Il est question dans ce retour aux enfers d’une révolution ratée et de la prison, de retrouver des visages, des émotions, une ville en feu sur une côte d’Afrique de l’Ouest, des amitiés et des amours usées mais encore pleines de sens, une manière pour Ito de revivre le film d’une époque de l’espoir où bien des choses semblaient encore possibles.
Des personnages tous attachants, tous différents…
Ito Baraka est un écrivain marginal, sur la touche, depuis longtemps disqualifié. Ne lui reste que la fiction comme tentative d’intrusion dans les arènes d’une vie dont il a perdu les codes. C’est une ombre qui, la nuit, traîne autour des lampadaires de Hull ou d’Ottawa. C’est, comme je l’écris, un rat dans son univers d’égouts, en rupture avec les lumières du présent. Kimi Blue, sa compagne, essaiera de le ramener à la surface. Mais Kimi est une junkie hantée par un destin malheureux dans une réserve autochtone où elle fut enfermée une bonne partie de sa vie. Cependant, je ne crois pas qu’il faille parler de personnages négatifs, abattus. Ce sont des êtres fragiles qui tentent de s’accrocher l’un à l’autre, jusqu’à un nouveau, un autre matin où il faudra bien remettre le nez dehors pour éviter la pourriture.
Un roman sur la ou les dictatures…
Les dictatures fonctionnent par privation, enfermement, répression et construction d’un cirque, d’une scène où les gens se doivent de sourire et de vivre bien. Mais ce sont également des lieux de la folie où quelques têtes irréductibles vivent, se nourrissent de subversion. En cela, elles se ressemblent toutes. Elles sont créatrices de mort et de cette belle subversion qui tente, en permanence, de recréer l’espoir. Celles qui sévissent en Afrique tiennent encore bon parce qu’elles sont soutenues par des alliances qui datent du temps de la colonisation.
La littérature, au cœur de la vie de vos personnages, une fuite de la réalité?
Non, plutôt un moyen, un chemin pour mieux revenir à la réalité. Dans le roman, Koli Lem, dans sa prison, garde des liens avec le reste du monde à travers les livres. La littérature, ici, ne nie pas la vie, elle la fait et la renouvelle en permanence. Dans la nuit la plus noire, elle permet à Ito et à Koli de préparer un possible retour au soleil. Mais le soleil, dans le décor où ils se trouvent, peut se révéler vache aussi. Il s’agit là d’une autre histoire.
Explication de la nuit est disponible en librairie en en format numérique.
Lisez un extrait du roman!
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