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1 décembre 2021

Décès de Marie-Claire Blais (1939-2021)

Par Éditions du Boréal
Marie Claire BLAIS – Credit: Jill GLESSING/Opale

C’est avec un immense chagrin que nous avons appris la mort de Marie-Claire Blais. Tout au long d’une carrière qui a duré plus de soixante ans, Marie-Claire Blais a non seulement profondément marqué les littératures québécoise et canadienne, mais elle s’est aussi hissée au premier rang des écrivains francophones de sa génération. L’œuvre a été traduite en de très nombreuses langues, et jouissait d’une renommée internationale depuis l’attribution du prix Médicis à Une saison dans la vie d’Emmanuel, en 1966. L’attention du monde s’était de nouveau tournée vers elle ces dernières années, avec la grande série romanesque Soifs, et Marie-Claire Blais avait été invitée pour représenter le Canada à la Foire internationale de Francfort qui a eu lieu en octobre dernier. Quatre fois lauréate du Prix du Gouverneur général du Canada, lauréate du prix Prince-Pierre-de-Monaco, elle était également membre de l’Académie royale de Belgique.

Elle laisse une œuvre riche et abondante, composée surtout de romans, mais abordant aussi de nombreux genres, pièces théâtrales et radiophoniques, poésie, essais, qui se caractérise par son audace formelle et par une attention toute particulière aux êtres marginaux, déclassés, rejetés. Elle a également constamment célébré l’art et la création artistique, dans son œuvre, bien sûr, mais également dans sa vie, en apportant un appui indéfectible à tous ses collègues écrivains et artistes.

« Il y a, dans l’œuvre de Marie-Claire Blais, une compassion infinie pour tous les êtres qui souffrent. Mais elle nous rappelle aussi constamment la beauté du monde et réaffirme le pouvoir rédempteur de l’art. »

Jean Bernier, directeur de l’édition du Boréal

« Elle portait la misère du monde sur ses épaules. Elle était toujours là pour défendre les déshérités, les laissés-pour-compte, les minorités de toutes sortes. Elle était la voix des sans-voix. »

Pascal Assathiany, directeur général du Boréal

« One of the most distinctive and original living writers of fiction. »

The New Yorker

Death of author Marie-Claire Blais (1939-2021)

We are deeply saddened to learn of the death of Marie-Claire Blais. Throughout her long career, spanning more than 60 years, Marie-Claire Blais not only left a deep mark on Québécois and Canadian literature, she was also recognized globally as one of the finest francophone writers of her generation. Her work has been translated into numerous languages, and received much international acclaim starting with the Prix Médicis for Une saison dans la vie d’Emmanuel, in 1966. The world’s attention turned to her again in recent years thanks to her epic novel series, Soifs, and she was invited to represent Canada at the Frankfurt Book Fair this October. A four-time winner of the Governor General’s Literary Award and a winner of the Prix Prince-Pierre-de-Monaco, she was also a member of the Royal Academy of Science, Letters and Fine Arts of Belgium.

She leaves a rich and extensive literary legacy. While consisting mainly of novels, her body of work explores many literary forms, including stage and radio plays, poetry and essays, all characterized by her formal boldness and particular attention given to marginal, outcast and broken characters. She always celebrated art and artistic creativity, not only in her work but in every part of her life, by providing fiercely loyal support to her fellow writers and artists.

“Marie-Claire Blais’ body of work is infused with infinite compassion for people who are suffering. But she also gives us constant reminders of the world’s beauty and the redemptive power of art.”

Jean Bernier, senior editor, Boréal

“She carried the weight of the world on her shoulders. She was always there to defend rejects, outsiders, minorities of every kind. She was the voice of the voiceless.”

Pascal Assathiany, managing director, Boréal

“One of the most distinctive and original living writers of fiction.”

The New Yorker

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Prix et mentions

17 novembre 2021

Tristan Malavoy lauréat du Prix France-Québec 2021 pour L’Œil de Jupiter

Par Éditions du Boréal

Montréal, 17 novembre 2021. Les Éditions du Boréal félicitent l’auteur Tristan Malavoy, lauréat du prix littéraire France-Québec pour son roman L’Œil de Jupiter. Ce prix a pour vocation de faire découvrir et aimer la littérature québécoise en France. Une tournée littéraire organisée par la Fédération France-Québec / francophonie est offerte au lauréat.

Le prix, qui s’accompagne d’une bourse de 5 000 euros, est soutenu par la Délégation générale du Québec à Paris, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), le ministère des Relations internationales du Québec, le ministère de la Culture et des Communications du Québec et l’Association internationale des études québécoises.

À propos de L’Œil de Jupiter

Simon Venne, quarante-neuf ans, démissionne de son poste de professeur au cégep du Vieux-Montréal. Trop de douleur, trop de remords. Ses pas le conduisent à La Nouvelle-Orléans où, dans un bar du French Market, il fait la connaissance d’une femme qui s’exprime dans un français indéfinissable. Elle s’appelle Ruth. Leurs rencontres, placées sous le signe de l’alcool et du désir, prennent des allures de chassés-croisés où chacun protège ses secrets.

« Quel grand roman ! L’Œil de Jupiter est magnifiquement écrit. Ce sont plusieurs histoires qu’il a liées magnifiquement. […] Je vous le recommande vraiment, vraiment beaucoup. »

Marie-Claude Veilleux, Par ici l’info (ICI Radio-Canada)

« Un livre formidable. C’est toute l’histoire de l’Amérique. On est entre deux univers. C’est extrêmement moderne, très sensuel. Vraiment, j’ai adoré ! »

Chrystine Brouillet, Salut Bonjour (TVA)

À propos de Tristan Malavoy

En plus d’être auteur, Tristan Malavoy est poète, musicien et éditeur. Il a tenu pendant cinq ans, à Télé-Québec, une rubrique portant sur la littérature et les arts visuels et dirige aux Éditions XYZ la collection « Quai no 5 », consacrée au roman, à la nouvelle et au roman graphique. Son premier roman, Le Nid de pierres (Boréal, 2015), figure sur la liste établie par ICI Radio-Canada des « cent livres qui racontent le mieux leur époque ». L’Œil de Jupiter est son deuxième roman.


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21 juin 2021

En juin, Je lis autochtone aux Éditions du Boréal!

Par Éditions du Boréal

Dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone, le milieu littéraire et Les Éditions du Boréal vous invitent à découvrir et rencontrer les littératures autochtones dans toute leur diversité et leur effervescence. 

La Journée nationale des peuples autochtones est une célébration officielle visant à reconnaître et à honorer le patrimoine, les cultures et les précieuses contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis à la société canadienne. La date du 21 juin a été choisie, car elle coïncide avec le solstice d’été qui revêt un caractère symbolique important pour de nombreux peuples autochtones.

Ne ratez pas l’occasion d’approfondir vos connaissances sur la diversité culturelle des peuples autochtones en lisant ces auteurs et autrices trop longtemps ignorés, dont nous entendons enfin la voix après des années de silence.

Markoosie Patsauq

Né en 1941 à Inukjuak, où il est mort en 2020, Markoosie Patsauq était un écrivain et pilote d’avion inuit. Connu dans le monde entier pour ses textes de fiction, il a oeuvré pendant des années à la défense des intérêts de son peuple.

Chasseur au harpon Un long récit de Markoosie

En pleine tempête de neige, un ours blanc attaque un campement inuit et éviscère de nombreux chiens. Convaincus que l’animal est malade et qu’il s’en prendra de nouveau aux leurs, des chasseurs se lancent à sa poursuite au péril de leur vie. Parmi eux, le jeune Kamik, qui rêve de manier le harpon avec la même aisance que son père, découvrira rapidement les dangers d’une existence que l’environnement arctique ne cesse de menacer.

Paru il y a cinquante ans, Uumajursiutik unaatuinnamut (Chasseur au harpon) est considéré comme le premier roman en inuktitut jamais publié. Cette aventure trépidante, marquée de bout en bout par la violence et la mort, nous plonge dans la réalité d’une communauté encore préservée de l’intrusion de la modernité. Surtout, à travers la traque symbolique d’un ours et le dur apprentissage d’un jeune garçon, elle met en scène le combat immémorial que ces hommes et ces femmes doivent livrer pour survivre. 

Cherie Dimaline

Cherie Dimaline est une écrivaine métisse originaire de la baie Géorgienne, en Ontario. 

Rougarou

Joan a le cœur brisé. Voilà plus d’un an qu’elle s’épuise à chercher son mari, Victor, qui a disparu dans la nuit dès leur première dispute, le soir où il a suggéré de vendre à des promoteurs la terre ancestrale qu’elle a héritée de son père. Depuis, elle sillonne les routes de la baie Georgienne, bien décidée à savoir si Victor est mort ou s’il l’a simplement laissé tomber. S’inspirant de la figure du rougarou, cette créature mi-homme mi-loup qui hante l’imaginaire métis, Cherie Dimaline nous offre un roman palpitant, porté par le chagrin et la fureur d’une femme qui refuse d’accepter la perte de ses terres, de ses racines et des siens.

Pilleurs de rêves

Frenchie, un jeune Métis, fuit la ville pour échapper aux hommes désespérés qui traquent les Autochtones comme des animaux afin d’obtenir la précieuse substance. Déjà, sa famille est tombée sous leurs mains. Aux côtés de ses compagnons de voyage, Frenchie progresse vers le nord pour gagner la terre de ses ancêtres et assurer la survie des siens.Avec Pilleurs de rêves, Cherie Dimaline crée un monde dystopique aussi lugubre qu’inquiétant, qui ne nous est pourtant pas complètement étranger. Elle parvient à tisser des liens troublants entre cet univers fictif et le monde dans lequel nous vivons, présentant une allégorie puissante du colonialisme en Amérique du Nord.

Tracey Lindberg

D’origine crie, Tracey Lindberg est professeure de droit à l’Université Athabasca. Birdie est son premier roman.

Birdie

Quand Bernice Meetoos, alias Birdie, quitte sa réserve et son Alberta natales pour venir s’installer dans un petit logement au-dessus d’une boulangerie à Gibsons, en Colombie-Britannique, des forces mystérieuses semblent trouver un malin plaisir à lui faire perdre pied. Souvent, inopinément, elle entre dans un état de transe sur le vieux matelas de sa chambre. Tandis que sa tante Val et sa cousine Freda font la route pour venir à son chevet, Bernice reste prostrée pendant des semaines, oscillant entre le souvenir, le rêve et la réalité.

Ce roman dur, raconté avec un mélange de férocité, de tendresse et d’humour noir, vise moins à dénoncer la situation difficile des Autochtones, et des femmes en particulier, qu’à explorer leur capacité à surmonter des traumatismes passés, à guérir et survivre.

Thomas King

Thomas King est bien connu au Canada anglais comme romancier et comme homme de radio. Il est de sang mêlé cherokee et grec.

L’Indien malcommode Un portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord

L’Indien malcommode est à la fois un ouvrage d’histoire et une subversion de l’histoire officielle. En somme, c’est le résultat de la réflexion personnelle et critique que Thomas King a menée depuis un demi-siècle sur ce que cela signifie d’être Indien aujourd’hui en Amérique du Nord. 

Une brève histoire des Indiens au Canada

Ce recueil de Thomas King donne libre cours à la mordante ironie caractérisant son œuvre. Ces vingt nouvelles sont autant de pavés jetés dans la mare des bons sentiments et des conceptions préfabriquées touchant les Autochtones. Elles sont surtout de délicieux morceaux de fiction, où l’intelligence du propos le dispute à la malice du conteur.

L’Herbe verte, l’eau vive

Bienvenue à Blossom, petite ville de l’Ouest canadien! Alberta aimerait bien y troquer ses deux amants contre un enfant, mais sans le piège du mariage. D’ailleurs, entre Charlie le flambeur, avocat ambitieux, et Lionel, un vendeur de télévisions timide, son cœur balance… 
Irrévérencieux et tragi-comique, L’herbe verte, l’eau vive se joue du choc des cultures et s’impose comme un roman réjouissant et inclassable qui confirme l’originalité et le talent de Thomas King.

Zebedee Nungak

Écrivain et homme de radio, Zebedee Nungak est un ardent défenseur de la langue inuktitut et une figure importante dans la création du Nunavik. Il faisait partie des négociateurs de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Il s’est ensuite vu confier de nombreuses responsabilités dans le gouvernement du Nunavik.

Contre le colonialisme dopé aux stéroïdes Le combat des Inuits du Québec pour leurs terres ancestrales

Pour les Québécois, le projet hydroélectrique de la Baie-James, lancé en 1971, a marqué le point culminant de la Révolution tranquille. C’était la prise de possession, physique et symbolique, de l’ensemble du territoire sur lequel le peuple du Québec était destiné à connaître enfin son plein épanouissement.

Et si ce grand projet avait un côté sombre ? Et si, en affirmant notre langue, notre culture et notre emprise sur le territoire, nous avions été sourds et aveugles à l’attachement d’un autre peuple à sa langue, à sa culture et au territoire que ses ancêtres occupaient depuis des millénaires ?

Choquant, dérangeant, exprimant des vérités sur lesquelles on préférerait parfois fermer les yeux, ce livre est un document essentiel pour comprendre le point de vue des Inuits dans le bras de fer qui les a opposés à Québec. 

 

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Communiqués

27 mai 2021

Un Petit traité sur le racisme de Dany Laferrière en juin

Par Éditions du Boréal


Montréal, le 27 mai 2021. Les Éditions du Boréal sont heureuses d’annoncer la parution, le 15 juin prochain, de Petit traité sur le racisme de Dany Laferrière.

Le racisme, c’est si simple au fond. C’est une affaire de Blanc et de Noir où le Blanc concentre entre ses mains tous les pouvoirs. Pourquoi alors est-ce si difficile de le reconnaître? Pourquoi alors ne sommes-nous pas arrivés à enrayer ce fléau qui ronge toutes les sphères de la vie, de la Maison-Blanche jusqu’aux campus universitaires en passant par de simples réunions entre collègues et amis?

Très sollicité sur cette question cruciale, Dany Laferrière l’aborde non pas en politicien ou en pamphlétaire, mais bien en écrivain. Avec la plume exquise qu’on lui connaît, il met de la chair et de la douleur dans cette tragédie qu’est le racisme.

Il nous parle dans ce livre de désir et de souffrance, de musique et de couleurs, de colère et de rédemption grâce au costard de Jean-Michel Basquiat et à l’afro d’Angela Davis. Il nous parle aussi de ceux qui ont été lynchés parce qu’ils ont osé regarder une Blanche, des photographies de Gordon Parks et des improvisations de Miles Davis. Sans oublier Tupac Shakur, Abraham Lincoln, Martin Luther King et… René Lévesque.

L’auteur de L’Énigme du retour et de bien d’autres succès mondiaux nous offre ici un livre d’actualité, ancré dans notre époque, où il prend la hauteur nécessaire pour que nous puissions l’embrasser dans toute sa complexité et trouver la force de guérir les blessures qui saignent encore.

Dany Laferrière est né à Port-au-Prince. Il est l’auteur de nombreux livres dont, au Boréal, Je suis un écrivain japonais (2008), L’Énigme du retour (2009; prix Médicis, Prix des libraires du Québec, Grand Prix du livre de Montréal), Autoportrait de Paris avec chat (2018) et L’exil vaut le voyage (2020). Il a été élu à l’Académie française en 2013.

Feuilletez un extrait

En librairie le 15 juin 2021

Photo © Pierre Crép

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Communiqués

11 mai 2021

Décès de Serge Bouchard

Par Éditions du Boréal

C’est avec un immense chagrin que nous avons appris ce matin le décès de Serge Bouchard. Toute l’équipe des Éditions du Boréal adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Depuis bientôt trente ans, la voix de Serge Bouchard fait partie du quotidien des Québécois, que ce soit par l’entremise de la radio, dont il jouait en virtuose, ou à travers ses livres, où il s’est révélé comme un des plus fins stylistes du Québec contemporain. Serge Bouchard était devenu une présence familière, à la fois rassurante et stimulante, animée par une intelligence aiguë et portée par une chaleur et une humanité singulières.

Né à Montréal en 1947, diplômé en anthropologie de l’Université McGill et de l’Université Laval, Serge Bouchard a touché à de nombreux champs d’enquête, allant de l’ethnohistoire aux contextes contemporains des changements sociaux et politiques. Son mémoire de maîtrise (1973) portait sur le savoir des chasseurs innus du Labrador, tandis que sa thèse de doctorat (1980) décrivait et analysait la culture et le mode de vie des camionneurs de longue distance dans le nord du Québec.

Il s’est d’abord fait connaître du grand public à travers sa complicité avec son ami, l’anthropologue Bernard Arcand (1945-2009). Ils ont animé ensemble la série des Lieux communs à la radio de Radio-Canada, avant d’en reprendre les textes sous forme de livres, où ils décortiquaient avec un malin plaisir les éléments en apparence les plus anodins de notre vie. Serge Bouchard a également animé à Radio-Canada Première des émissions phares telles que De remarquables oubliésUne épinette noire nommée DieselLes Chemins de travers et, plus récemment, C’est fou…, avec Jean-Philippe Pleau.

Écrivain inclassable, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourseRécits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu et C’était au temps des mammouths laineux, tout en collaborant à différentes revues, dont Québec Science et L’Inconvénient. Son plus récent livre, Un café avec Marie, a reçu un accueil enthousiaste du public, qui lui était plus fidèle que jamais.


Considéré par plusieurs comme l’un de nos prosateurs les plus originaux, il a reçu en 2015 le prix Gérard-Morisset pour l’ensemble de sa carrière et a été fait, l’année suivante, officier de l’Ordre national du Québec. Serge Bouchard a reçu en 2017 le Prix littéraire du Gouverneur général pour son recueil Les Yeux tristes de mon camion. 

Il avait eu, il y a moins d’un an, le chagrin de perdre sa compagne Marie-Christine Lévesque. Il laisse dans le deuil sa fille adorée, Lou, son fils Serge-Alexandre, ses petits-enfants, ainsi que ses frères et leurs familles.

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5 février 2021

Décès de Régine Robin

Par Éditions du Boréal
Régine Robin
© Tous droits réservés

La mort de Régine Robin 

La France et le Québec viennent de perdre, avec le décès de Régine Robin, survenu le mercredi 3 février à l’âge de 81 ans, une grande intellectuelle qui fut à la fois professeur, historienne, sociologue et écrivain. Née sous le nom de Rivka Ajzersztejn à Paris en 1939 dans une famille juive d’Europe de l’Est (dont plusieurs membres ne revinrent pas des camps nazis), Régine Robin vint s’installer à Montréal en 1977. En plus de sa carrière professorale, à l’Université Paris X puis à l’UQAM, elle mena une intense activité d’écriture sur les sujets qui la passionnaient : la mémoire, l’identité et l’altérité, l’appartenance, les nationalismes, la transculture, les mégapoles et les écritures migrantes.

Chez Stock, dans la collection « Un ordre d’idées », elle a notamment publié Berlin chantiers (Grand Prix du livre de Montréal en 2001), dans lequel elle propose des balades dans l’histoire et dans l’espace urbain, dans le discours social et dans la littérature; Le Mal de Paris, où elle revisite sa ville à l’aune d’une incertitude sur le devenir d’un nouvel imaginaire grand parisien; Un roman d’Allemagne, livre hybride et envoûtant où elle mêle fragments autobiographiques, déambulations, rêveries et analyses; et Mégapolis, où elle partage avec ses lecteurs son amour des grandes villes et son sport de la marche attentive à tout.

Au Boréal, dans la collection « Liberté grande », elle a publié en 2011 ce qui apparaît comme son testament de Québécoise, Nous autres les autres, un livre franc dans lequel elle analyse les raisons faisant que, après plus de trente ans de vie au Québec, la « greffe » n’a pas réussi avec elle, le nationalisme d’ici lui semblant incapable de se libérer d’un passé antisémite. Puis, avec Ces lampes qu’on a oublié d’éteindre, paru en 2019, elle aura livré son dernier livre, le vingtième, une étude remarquable consacrée à l’œuvre romanesque de Patrick Modiano.

Déjà avec La Québécoite, paru chez XYZ en 1983, Régine Robin avait fait part de ses difficultés d’adaptation dans une ville, Montréal, qui la rebuta d’entrée de jeu avant que, en parcourant certains de ses quartiers, elle la découvre pan par pan et se sente bien chez elle dans cette ville cosmopolite qui aura été l’une de ses deux villes avec Paris. 

Franche, combative, fine analyste des discours des uns comme des parcours des autres, curieuse de tout, pointilleuse mais amoureuse, et jamais dupe, Régine Robin, qui aura passé une vie à mettre les points sur les i, me laisse le souvenir d’une grande femme même si elle était toute petite. Et la souvenance d’un grand esprit de la gauche la plus intègre, la plus généreuse, la plus engagée. 

Robert Lévesque

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4 février 2021

Stanley Péan lauréat du prix Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec

Par Éditions du Boréal

Février 2021

L’Académie des lettres du Québec a annoncé les lauréats de ses prix littéraires en janvier. Parmi ceux-ci se trouve Stanley Péan, qui remporte le prix Victor-Barbeau 2020 pour son essai De préférence la nuit. 

Le prix Victor-Barbeau est décerné chaque année à un auteur pour un essai qui est jugé de qualité exceptionnelle par un jury formé de trois membres de l’Académie des lettres du Québec. Toutes nos félicitations à Stanley Péan !

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Prix et mentions

6 novembre 2020

Benoit Laflamme récompensé pour sa traduction de Melissa Bull

Par Éditions du Boréal

La Quebec Writers’ Federation a tenu son gala annuel ces derniers jours et Benoît Laflamme a remporté le Prix de Traduction de la Fondation Cole pour sa traduction du recueil de nouvelles Éclipse électrique, de Melissa Bull, paru en janvier dernier. La version originale anglaise, The Knockoff Eclipse, est paru chez Anvil Press. « La désarmante simplicité de la poésie du texte d’origine cache des défis formidables que le traducteur arrive à surmonter de manière magistrale. Une poésie, qui se donne l’air d’être presque accidentelle, se glisse dans la langueur, parfois presque anxiogène, des personnages. Ces perles ne perdent rien de leur lustre alors que le traducteur trouve toujours moyen de rendre avec précision les images qu’elles portent, permettant qu’elles retrouvent le même impact même à travers le filtre de l’adaptation », a déclaré le jury.

L’auteur Kaie Kellough a pour sa part remporté le Paragraphe Hugh MacLennan Prize for Fiction pour son recueil de nouvelles Dominoes at the Crossroads (Véhicule Press). Le livre paraître en français au Boréal en février prochain sous le titre Petits marronnages, dans une traduction de Madeleine Stratford.

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Communiqués

27 octobre 2020

Une révolution invisible — par Dany Laferrière

Par Éditions du Boréal

Le romancier Dany Laferrière s’est exprimé, dimanche 25 octobre, sur la controverse entourant l’utilisation du « mot en n » au micro de Dessine-moi un dimanche, sur les ondes d’ICI Première. Voici son texte intégral.

Le mot fascine par sa composition et cette claquante sonorité qui réveille comme un coup de fouet dans une plantation de canne à sucre ou de coton sur un dos en sueur et musclé. On suppose l’énergie encagée dans ces tranquilles voyelles et consonnes. On ne peut pas entendre ce mot sans se retourner. Il ne convient pas au chuchotement. Et pourtant je connais nombre de chansons haïtiennes, surtout celles qui tiennent leur source du vaudou, où le son devient si doux, si langoureux. On l’entend dans Gouverneurs de la rosée, le grand classique de la littérature haïtienne, comme le râle d’amour d’une jeune paysanne à son amant. Ce n’est pas seulement un mot qui s’infiltre, de jour et de nuit, dans les conversations ordinaires de la vie quotidienne. Il imbibe toute la littérature haïtienne, les chants sacrés ou populaires, la sculpture, et je dirais aussi la morale, car on parle de « Nègre vertical » pour dire celui qui rejette toute forme d’assujettissement. J’avais tort de dire que le mot ne m’intéresse pas; en fait, c’est un mot que je place pour sa forte présence (après l’avoir entendu, on ne peut plus l’oublier) à côté de Legba, le nom de ce dieu qui se tient à la barrière qui sépare le monde visible du monde invisible. Dans le langage du vaudou, on dirait que c’est un mot très « chargé ».

La poésie                   

Je me souviens du premier poème que j’ai appris par cœur, après les fables de La Fontaine. C’était celui de Carlos Saint-Louis. Il s’est logé en moi pour faire partie de ma chair. Tout enfant né avant les années 70 connaît ce début de poème si naïf:

J’aime le nègre

car tout ce qui est nègre est une tranche de moi.

Je n’aimais pas le poème parce qu’il me faisait croire que j’étais un melon et, dans ma liste de choses détestables, le melon venait entre la carotte et le girofle.

Je me suis retrouvé plus tard dans ces évocations plus lestes où l’on apercevait au loin d’exquises négresses (on dit « nègès » en créole) se baignant dans la rivière. C’est Léon Laleau qui m’a réveillé de cette torpeur adolescente avec un bref poème, «Trahison», paru dans son recueil Musique nègre, en 1931.

« D’Europe, sentez-vous cette souffrance et ce désespoir à nul autre égal d’apprivoiser avec des mots de France ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »

Puis le coup de fouet vint de René Depestre avec Minerai noir, paru en 1956, dans lequel il signale qu’après l’extermination des Indiens « on se tourna vers le fleuve musculaire de l’Afrique pour assurer la relève du désespoir ». Là, on arrive à l’Histoire et je me souviens de ma passion pour ces récits si pleins de verdeur, d’espoir, de folie, où des esclaves se lancent devant la mitraille de l’armée napoléonienne conduite par le général Leclerc à la conquête de leur liberté. Ce n’est pas dans un salon mais sur le champ des batailles de la Ravine-à-Couleuvres, de la Crête-à-Pierrot et de Vertières que le mot Nègre va changer de sens, passant d’esclave à homme. Les généraux de cette effroyable guerre coloniale le garderont après l’indépendance d’Haïti.

L’art nègre                                                    

Mais ce mot tout sec, nu, sans le sang et les rires qui l’irriguent, n’est qu’une insulte dans la bouche d’un raciste. Je ne m’explique pas pourquoi on donne tant de pouvoir à un individu sur nous-même. Il n’a qu’à dire un mot de cinq lettres pour qu’on se retrouve en transe avec les bras et les pieds liés, comme si le mot était plus fort que l’esclavage. Les esclaves n’ont pas fait la révolution pour qu’on se retrouve à la merci du mot Nègre.

Ne dites pas que je ne peux pas comprendre la charge de douleur du mot Nègre, car j’ai connu la dictature, celle de Papa Doc, puis celle de Baby Doc, j’ai plus tard connu l’exil, j’ai connu aussi l’usine, ainsi que le racisme de la vie ordinaire des ouvriers illégaux, j’ai même connu un tremblement de terre, et tout ça dans une seule vie. Je crois qu’avant de demander la disparition de l’espace public du mot Nègre il faut connaître son histoire. Si ce mot n’est qu’une insulte dans la bouche du raciste, il a déclenché dans l’imaginaire des humains un séisme. Avec sa douleur lancinante et son fleuve de sang, il a ouvert la route au jazz, au chant tragique de Billie Holiday, à la nostalgie poignante de Bessie Smith. Il a fait bouger l’Afrique, ce continent immuable et sa civilisation millénaire, en exportant une partie de sa population vers un nouveau monde de terreur. Ce mot est à l’origine d’un art particulier que le poète Senghor et quelques intellectuels occidentaux ont appelé faussement l’art nègre. Ce serait mieux de dire l’art des nègres. Ou encore l’art tout court. Tout qualificatif affaiblit ce qu’il tente de définir. Mais passons, car ce domaine est si riche. S’agissant de la littérature, on n’a aucune idée du nombre de fois qu’il a été employé. Si quelqu’un veut faire une recherche sur les traces et les significations différentes du mot dans sa bibliothèque personnelle, il sera impressionné par le nombre de sens que ce mot a pris dans l’histoire de la littérature. Et il comprendra l’énorme trou que sa disparition engendrera dans la littérature.

La révolution du langage                              

La disparition du mot Nègre entraînera un pan entier de la bibliothèque universelle. Notre blessure personnelle et nos récits individuels ne font que lui donner de l’énergie pour continuer sa route. Ce n’est pas un mot, c’est un monde. Il ne nous appartient pas, d’ailleurs. Nous nous trouvons simplement sur son chemin à un moment donné. Il a permis la révolution à Saint-Domingue en devenant notre identité américaine. On a capturé des hommes et des femmes en Afrique qui sont devenus des esclaves en Amérique, puis des nègres quand Haïti est devenue une nation indépendante, et cela par sa Constitution même. On ne va pas faire la leçon aux glorieux combattants de la première révolution de l’histoire. Si le mot révolution veut dire « chambardement total des valeurs établies », la révolution de l’esclave devenu libre en est la plus complète. Le Nègre Toussaint Louverture, le Nègre Jean-Jacques Dessalines, le Nègre Henri Christophe et le Nègre Alexandre Pétion ont fondé Haïti le 1er janvier 1804 après une effroyable et longue guerre coloniale. Alors quand un raciste m’apostrophe en nègre, je me retourne avec un sourire radieux en disant : «Honoré de l’être, monsieur.» De plus, Toussaint puis Dessalines ont fait entrer le mot Nègre dans la conscience de l’humanité en en faisant un synonyme du mot homme. Un nègre est un homme, ou, mieux, tout homme est un nègre. Le raciste qui nous écoute en ce moment sait-il qu’il est un nègre de par la grâce de Jean-Jacques Dessalines, le fondateur de la Nation haïtienne? C’est par cette grâce qu’un grand nombre de Blancs ont été épargnés après l’indépendance d’Haïti. C’est par cette grâce que tous les Polonais vivant en Haïti pouvaient devenir séance tenante des nègres, c’est-à-dire des hommes. Connaissez-vous une pareille révolution du langage? Le mot qui a servi à asservir l’esclave va libérer le maître. Mais pour qu’il soit libre, il faut qu’il devienne un nègre. D’où la phrase magique «Ce blanc est un bon nègre, épargnez-le». Vous comprenez qu’un tel mot va plus loin qu’une douleur individuelle et que si nos récits personnels ont une importance indéniable, ils ne font pas le poids face à l’Histoire, une Histoire que nous devons connaître puisqu’elle nous appartient, que l’on soit un nègre ou un bon nègre.

La plaisanterie                                                                      

Je comprends qu’on puisse exiger la disparition de ce mot terrible quand on ignore son histoire, dont je viens de présenter une pâle esquisse. Mais je vous assure qu’elle vaut l’examen avant de prendre une pareille décision. On devrait s’informer un peu plus. De grâce, ne dites pas que la geste haïtienne ne compte pas ou qu’elle est simplement haïtienne, car elle a mis fin le 1er janvier 1804 à trois cents ans d’esclavage où l’ensemble du continent africain et une grande partie de l’Europe furent impliqués. Cela permet à ces gens, légitimement, d’ajouter une nouvelle définition à ce mot. Ils disent froidement après l’esclavage qu’ils sont des nègres et le maintiennent jusqu’à ce matin de 2020. Ce n’était pas un acte d’individus bornés, de «monstres désenchaînés», selon l’horrible expression du pourtant si élégant Musset, c’était mûrement réfléchi. Et ils entendaient répandre cette liberté et cette expression qui caractérise l’homme libre dans toute l’Amérique. C’est pourquoi, à peine quelques années après l’indépendance, Alexandre Pétion, premier président de cette jeune république, offrit refuge et aide militaire en Haïti à un Bolívar épuisé qui s’en ira après libérer une partie de l’Amérique latine.

On peut malgré tout discuter encore du mot, en essayant de l’actualiser, en faisant des compromis, mais, de grâce, épargnez-nous cette plaisanterie d’une hypocrisie insondable du «N-word», qui n’est qu’une invention américaine comme le hamburger et la moutarde sèche. Et j’espère que nous aurons le courage de l’effacer du visage glorieux de Jean-Jacques Dessalines, le fondateur de la Nation haïtienne, dont on disait qu’il était le Nègre fondamental.

Dany Laferrière

de l’Académie française

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